WOLFGANG TRAGSEILER / RÉSIDENCE HAUTE-AUTRICHE ET PERFORMANCE / EXCEEDANCE

WOLFGANG TRAGSEILER
20.10 — 16.12 / 2016

Vernissage : Jeudi 20 octobre 2016 ‑ 17h

C’est avec plaisir que nous vous invitons à la performance de Wolfgang Tragseiler le vendredi 21 octobre 2016, à 18 h 30.

L’artiste présentera également une vidéo qui sera visible de l’extérieur, en lien avec la résidence d’artiste de deux mois qui se terminera le 3 octobre 2016.

Comment, à quel endroit et qui peut enseigner le striptease (effeuillage)? Et quels sont les défis auxquels fera face la personne qui s’y intéressera dans le contexte d’une intervention artistique ? Dans les boîtes de nuit, des travailleuses du sexe ont graduellement enseigné à Wolfgang Tragseiler les pas et les séquences des mouvements du striptease. L’artiste s’est accordé trois mois pour ces apprentissages. Ceci implique non seulement qu’il pose la thèse du stiptease comme forme de danse à part entière, mais également la question de la classification cette danse dans le répertoire de ses styles. Le problème de la classification et de l’évaluation sont intimement liés à l’idée de l’érotisme féminin qui s’exprime par cette danse, à la structure patriarcale qui la sous-tend, aux stratégies de l’industrie du sexe et à la charge symbolique du stripteasecomme préliminaire de l’acte sexuel.

Manifestement, le striptease est considéré comme une connaissance pratique et son apprentissage ne correspond pas à la didactique habituelle. Il s’ensuit un enseignement de « parfait débutant », tant pour les enseignantes que pour les étudiantes. Dans Exceedance, Tragseiler inverse les rôles traditionnels en adoptant le rôle de l’apprenti . Ainsi, il délaisse les rôles d’observateur et de voyeur habituellement relégués aux hommes, et il s’efforce de se transformer en objet de désir. Quant au costume, il a recours aux vêtements féminins habituellement utilisés dans ces circonstances. C’est le seul élément que Tragseiler ne subvertit pas dans Exceedance.

Physiquement, Tragseiler développe les mouvements en conservant leur connotation féminine, par des hyperextensions, confondant le regard des observateurs et des observatrices, interrogeant ainsi leurs propres identités du genre. L’on pourrait affirmer que le fantasme masculin est alors réalisé par l’homme qui fantasme, alors qu’il observe la scène tout en s’imaginant dans le rôle du danseur. Comment? Et bien, la stratégie utilisée ne se limite pas à cette danse, ou à cette performance, et elle comporte une documentation vidéo qui permettra à l’artiste de revisiter l’oeuvre et de la présenter sous cette nouvelle forme.

Afin d’assurer l’anonymat des femmes impliquées dans le projet, les séances de formation ne comportent que des enregistrements audio. Utilisant ces enregistrements, Tragseiler répète les exercices devant caméra après chaque séance. Les enregistrements forment alors le matériau d’une prochaine œuvre vidéo qui sera composée à partir des séances d’exercices. Une performance marquera la fin du cycle de formation.

Les interrogations de Tragseiler nous font prendre conscience de l’image de la sexualité féminine et, plus précisément, de sa représentation dans l’industrie du sexe qui est issue principalement des fantasmes masculins. Car c’est le regard masculin, tel que suggéré dans Exceedance, qui crée l’objet de désir. Mais qu’en est-il du regard de la caméra qui compose l’image qui sera diffusée ? Inévitablement, la caméra adopte la perspective du voyeur mâle et pose les questions suivantes : qui est derrière la caméra ; quelle est la personne qui guide le regard de la caméra ; l’identité des genres joue-t-elle un rôle ; dans quelle mesure l’édition de la documentation influence-t-elle le regard et la diffusion ?

Assurément, cette œuvre adopte l’astuce méta-réflective de l’auto-observation et l’appropriation de la danse aux tables comme technique artistique. Le fait que Tragseiler travaille également le médium de la vidéo constitue la condition préalable à cette aut0-observation. Que ce soit pendant les exercices en dialogue direct avec des travailleuses du sexe, lors des exercices solitaires à l’aide des enregistrements, ou lors de la simulation des performances en direct ou des enregistrements vidéo, la répétition, la mémorisation et la pratique font référence aux pratiques anciennes de l’ascèse (áskēsis). Ensemble, ces pratiques forment la stratégie finale que s’approprie Tragseiler avec Exceedance.

Texte original anglais : Antonia Rahofer

 

Échanges d’artistes et d’ateliers-résidences entre le Québec et la Haute-Autriche

Considérant l’importance pour le gouvernement du Québec de développer des liens culturels durables avec la Haute-Autriche, le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) a conclu en 2014 une entente de partenariat de deux ans avec le gouvernement de la Haute-Autriche pour réaliser un échange de résidences de création et de ressourcement en arts visuels et en arts numériques. Ces résidences visent à favoriser l’établissement de liens durables et la confrontation de points de vue entre les artistes québécois et haut-autrichiens, contribuant ainsi au développement de leurs démarches artistiques.

Dans le cadre de cet échange, un artiste québécois pourra séjourner deux mois dans l’un des neuf studios composant la Résidence internationale d’artistes de la Ville de Linz et un artiste haut-autrichien effectuera une résidence de création d’une durée identique au centre SPOROBOLE, à Sherbrooke.

 

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Photos : Tanya St-Pierre