JEAN-MAXIME DUFRESNE / EXPOSITION / EUROLAND

Jean-Maxime Dufresne
09.11 — 17.12 / 2010

Vernissage : Mardi 9 novembre 2010

17h

«Bienvenue dans l’EuroLand, un système domestique affairé à inventorier une production matérielle, spatiale et transculturelle sur le territoire européen. Loin d’être exhaustif, l’EuroLand générerait plutôt sa propre géographie incomplète, suivant les indices d’une activité humaine qui révèlent des espaces autres, mineurs et sans qualité apparente. EuroLand imagine une contrée façonnée par des réalités variables dans leur appartenance à l’idée constamment débattue d’une «nouvelle Europe » : la condition trinationale autour de Bâle et son aire d’influence, avec l’entrée récente de la Suisse au sein de l’espace Schengen ; les régions urbanisées de Barcelone et de Madrid, dans une conjoncture de crise économique qui touche actuellement près de vingt pour cent de la population espagnole ; la mégapole d’Istanbul et ses réalités plurielles dans un laborieux contexte d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne ; le statut indéterminé des friches à Berlin ou les tactiques de vente clandestine associées au tourisme à Paris, qui défient à leur manière des tentatives de normalisation de l’espace. Lors de séjours récents en Europe, j’ai adopté une stratégie d’accumulation en constituant un inventaire d’images libres d’association, tentant un regard étranger sur une « euro-zone » dont le code génétique est en perpétuelle mutation. De ces instantanés, j’imagine qu’il s’y dessinerait une culture matérielle révélant son empire de signes et de relations où seraient réunis individus, objets, lieux, matière urbaine et phénomènes de mobilité : un « trafic de singularités influentes » dans un contexte globalisé de production de l’espace, mêlant le générique au spécifique. Les frictions et instabilités manifestes dans la mise en commun de ce matériel seraient-elles précurseures de scénarios pour repenser et réinventer la complexité des espaces que nous partageons et utilisons ? Empruntant au hall d’accueil d’un terminal, l’installation présentée à Sporobole agit comme dispositif de lecture et dresse un paysage spéculatif sur ces questions. Anomalies, infra-structures, mobilier urbain adapté, identités re-configurées, attitudes de la rue, économies informelles, correspondances outre-frontières, intrusions au croisement du design et des technologies : l’EuroLand enregistre les observations et les transmet en rafale. Et exige que la reconstitution de ces signaux
se fasse ailleurs, chez celui qui y séjourne. »

J-M D.

 

Crédit photo : Jocelyn Riendeau